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WEBTOON – CastorPhénix sur le gril, rencontre avec son auteur

Timothée Michelin, alias CastorPhénix – ancien élève de la promo 2023, ayant reçu les félicitations du Jury – vient de sortir son webtoon Les Aventures du CastorPhénix sur la plateforme Webtoon Original le 15 Septembre dernier. Pour célébrer cette sortie, nous l’avons reçu il y a quelques jours pour une interview sur le gril que l’on vous laisse découvrir tout de suite.

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Hello Timothée ! Ton webtoon Les Aventures du CastorPhénix est sorti il y a quelques semaines. Peux-tu nous en parler un peu ?

TM – Bonjour ! Alors, c’est l’histoire d’un hybride – mi castor, mi phénix – qui en mourant, revient à la vie dans un souffle de feu. Il se fait tuer en boucle par ses compères castors, qui l’utilisent pour faire des barbecues. À force, il en a marre de se faire exploiter, alors il part à l’aventure pour retrouver sa famille paternelle : les phénix. C’est de l’humour un peu noir… mais sinon, c’est drôle !

 

Tu as remporté le Prix de la Catégorie “Comédie” du concours Webtoon 2022. C’est d’ailleurs cette histoire qui t’a fait gagner le concours. Qu’est-ce que ce concours a changé pour toi ?

TM – Beaucoup plus de travail déjà… Ça donne forcément plus confiance en soi aussi, car on se sent confirmé dans ses décisions. On se dit “OK, tous les choix un peu bizarres que j’ai pu faire, de mettre cette blague là, ou faire ce décor qui prenait beaucoup trop de temps à faire, finalement ce n’était pas un si mauvais choix que ça, puisque j’ai gagné !”. Donc ça m’a apporté pas mal de confiance. J’ai signé mon premier contrat ! C’était une porte ouverte vers le monde professionnel.

 

Oui car tu es fraîchement diplômé de l’École…

TM – Effectivement, j’ai travaillé sur ce webtoon et sur le diplôme en même temps. Ça représentait beaucoup de travail ! Pour mon diplôme je travaillais sur un webtoon qui était complètement différent et particulièrement déprimant, du coup je jonglais entre des petites blagues (pour CastorPhénix), et puis hop, la dépression ! Je me suis quand même beaucoup amusé à écrire CastorPhénix et faire plein de blagues absurdes, de blagues nulles, des trucs affreux, beaucoup de choses…

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Quels changements peut-on retrouver dans cette version 2.0 ? Tu as retravaillé les dessins, par exemple ?

TM – Pour être tout à fait honnête, je ne l’ai pas énormément retravaillé… C’était déjà parfait de base ! (rires) J’ai un peu retravaillé les premiers épisodes, les couleurs et certains plans… J’ai fusionné les deux premiers épisodes car ils étaient un peu courts. L’idée était de présenter les principaux éléments de l’histoire, dès les trois premiers épisodes : le premier, c’est de l’exposition. Le deuxième, c’est pas mal d’humour et on continue l’exposition. Le troisième, on a un début de l’aventure et des petits éléments qui nous font comprendre que ça ne va pas être que de la comédie. Il va y avoir des choses plus dans la réflexion, un peu plus sombres… On sent quand même que CastorPhénix est un animal exploité… Pas mal d’ajout de lignes de mouvement également, car mon éditeur m’a fait remarquer que la première version était un peu statique. Sinon pour la suite, j’essaie d’améliorer les choses. Le problème quand on progresse toute l’année, c’est quand t’arrives à l’épisode 40 on se dit “l’épisode 40 il est bien, mais du coup l’épisode 2 maintenant a l’air super moche” et c’est un peu problématique… Je ne peux pas refaire à chaque fois les mêmes épisodes, sinon c’est sans fin ! S’il y a des choses vraiment affreuses, je les refais, mais sinon la plupart restera en l’état et je considère que ça fait aussi partie de l’histoire de la bd ! Ça permet de voir l’évolution qu’il y a eu, le design des personnages, leurs poses se sont aussi pas mal affinées…

 
Comment as-tu découvert le Webtoon ? En consommes-tu toi-même ?

TM – Un peu par hasard, je crois, quand la plateforme Webtoon Canvas a ouvert. À l’époque, j’étais plus BD classique, je faisais des petits comic strips, ce genre de choses… J’ai pas eu tellement de succès ni vraiment de public, j’avais peut-être une centaine d’abonnés sur Instagram… Du coup quand Canvas est arrivée en France, je me suis dit “c’est une nouvelle plateforme pour y mettre mes trucs” et au début ça a pas mal marché ! J’ai rapidement eu 300 ou 400 abonnées juste comme ça ! Donc j’étais assez content. Au début, je repostais de vieux dessins, puis j’ai commencé à en poster des nouveaux. C’est donc comme ça que j’ai découvert Webtoon. Ensuite quand t’es dans la partie Canvas, tu regardes ce que font les autres auteurs, puis aussi ce qui se fait dans la partie Original, et donc c’est comme ça que j’ai commencé à lire des webtoons, tout simplement. Cependant, je n’en consomme pas énormément car je suis un lecteur ‘relou’, un lecteur un peu dur… Il faut quand même y aller pour me plaire ! (rires)

 
Combien de temps te faut-il en moyenne pour réaliser un épisode, de l’écriture jusqu’à sa mise en ligne ?

TM – En moyenne, entre 2 et 4 jours. Ça a beaucoup évolué aussi, parce qu’au début forcément je tatônnais… J’étais encore sur Photoshop et ça me prenait 3 semaines pour un épisode ! Ce n’était pas gérable du tout, mais je me suis bien amélioré. Puis il y a aussi l’habitude. Au début quand je faisais un gros décor, je passais 3 jours dessus, c’était interminable ! Je testais 5 ambiances lumineuses différentes… Aujourd’hui, en une après-midi c’est réglé, voire moins ! Parce que j’hésite beaucoup moins, parce que je vois beaucoup plus rapidement ce que j’ai envie de faire… La durée peut varier car il peut y avoir des éléments plus ou moins complexes. Un épisode avec peu de personnages peut être assez rapide à faire, ça prendra 2 jours. Des épisodes plus complexes, avec de gros décors, des foules, plutôt 4 jours. À l’heure actuelle, quasiment jamais plus de 4 jours, ou alors c’est vraiment que quelque chose a déconné quelque part et que j’ai dû refaire…! (rires)

 

Que préfères-tu le plus dans l’élaboration d’un webtoon ? Et a contrario, quelle est l’étape la plus difficile ou ennuyeuse ?

TM – Chaque partie a ses avantages et ses défauts ! Sauf le scénario, j’adore le scénario, c’est là que je trouve les blagues, que j’écris l’histoire, que j’empile les briques. Ça m’arrive souvent de le modifier en cours de route, ou de le réécrire si des choses ne fonctionnent pas au storyboard. On va dire que le storyboard justement et la mise en scène sont drôles, c’est là qu’on commence à voir les choses se concrétiser. D’un autre côté, c’est un processus qui peut être fatigant car je trouve que c’est un de ceux qui demandent le plus de réflexion et de travail. Je ne vais pas regarder de film ou de série en faisant un storyboard, sinon je vais m’emmêler les pinceaux, je ne vais pas être assez concentré ! Je pense que je n’aime pas l’encrage…! (rires) C’est long, c’est chiant, et je ne trouve pas que j’aie un encrage spécialement “joli”. Je trouve qu’en storyboard c’est toujours un peu plus vivant, et c’est plus statique quand tu passes à l’encrage, surtout que j’ai une ligne qui est très nette, très claire. Je ne fais pas plein de petits traits. J’ai du mal avec l’encrage… mais j’aime beaucoup la couleur, d’une part car j’aime ça, tout simplement, et d’autre part car c’est une des étapes finales, on pose l’ambiance, on peaufine, et on touche au but. Pour CastorPhénix je n’ai pas vraiment d’étapes entre le storyboard et l’encrage, parce que je n’ai pas le temps ! (rires) Comme les personnages sont assez simples, je peux quasiment les faire directement à l’encrage, ce n’est pas trop compliqué.

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Penses-tu que le Webtoon puisse un jour détrôner la Bande Dessinée papier ?

TM – Je n’ai pas vraiment les connaissances ou les compétences pour juger de ça. Je reste un auteur junior, c’est mon premier webtoon. Maintenant, avec la petite vision que j’en ai, il y a quand même une forte puissance du papier en France, et c’est même d’ailleurs l’inverse qui se produit. Le Webtoon commence à faire du papier. Je pense que les deux vont cohabiter, mais je ne pense pas qu’il y aura moins de papier, du moins dans les prochaines années, car il fonctionne encore vachement bien. Pour la Jeunesse, pas mal de parents ne vont pas forcément vouloir mettre un téléphone dans les mains de leurs enfants, donc ils vont continuer d’acheter des BDs papier. Il y a une partie du lectorat qui est encore très attachée au papier, je ne le vois pas disparaître tout de suite.

 

Tu as parlé de tes anciens comic strips… Les anecdotes sont-elles autobiographiques ?

TM – Non. C’est inspiré du quotidien, de gens que je connais, mais ce n’est pratiquement jamais autobiographique. Quand tu fais de la comédie, tu as toujours cette personne qui arrive et te dit “oh, j’ai vécu ça ! Tu pourrais en faire une petite BD !” sauf qu’en général ça ne suffit pas, en soi-même… Le petit truc drôle ça a été drôle pour toi, mais une fois en BD, ce n’est pas spécialement drôle. (rires) Du coup il faut prendre l’idée, la remodeler, accentuer un peu la comédie et faire une situation un peu rigolote, faire une chute. Des fois c’est de la pure invention, des fois c’est inspiré de mon quotidien. Ce n’est quasiment jamais autobiographique, sauf le jour où ma nièce m’a demandé de lui dessiner une sirène… Je lui ai dessiné, et elle m’a répondu “ce n’est pas grave, je vais le faire moi-même !”. Cette fois-là, c’était vrai !

 

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer dans le webtoon ?

TM – C’est en pratiquant qu’on s’améliore. C’est bien de bosser les fondamentaux… C’est bien d’avoir des retours de gens qui s’y connaissent : le retour de Tatie Paulette, c’est sympa, mais ce n’est pas forcément un retour très pertinent. C’est bien d’avoir des retours de gens qui savent dessiner, qui savent écrire, qui savent scénariser et qui peuvent te dire s’il y a vraiment des défauts ou des choses à améliorer. Surtout, ils sauront formuler ce qui ne va pas.

 

Un petit mot de la fin ?

TM – Je sais qu’il peut y avoir une petite méfiance vis à vis des webtoons made in France, du style “c’est un peu moins joli”… Mais si, c’est bien ! Venez nous lire ! On fait des trucs bien, nous aussi ! (NB : Timothée a récemment rejoint Eventoon – un collectif de webtooners français)

 

Rendez-vous donc chaque Lundi et Vendredi pour de nouveaux épisodes des Aventures du CastorPhénix sur Webtoon Original, que vous pouvez consulter en cliquant juste ici.

 

🔥 Pour suivre Timothée sur Instagram → @castorphenix 🔥

 

Cette interview vous a donné envie de vous lancer aussi dans votre propre webtoon ? Vous cherchez quelques astuces pour bien débuter ? On vous dit tout dans l’article “Comment créer un webtoon”.

 

 

Propos recueillis par Marine Guyot