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Flash tattoo dessiné par Magali Garnier

TATOUAGE – Illustration à fleur de peau

Une fois le diplôme en poche, plusieurs de nos élèves font le choix de s’orienter vers une profession qui fait couler beaucoup d’encre : le métier d’artiste tatoueur.euse.

C’est le cas de Magali Garnier, Camille Stramboli (Soeur Louve) et Lauren Moreno (Launkey), anciennes élèves de Jean Trubert. Les trois jeunes femmes ont le dessin dans la peau, et marquent désormais les corps des autres par le biais du Tatouage. Elles témoignent pour nous !

Quelle formation avez-vous suivi à Jean Trubert ?

Magali – Une formation en Bande Dessinée.

Camille – J’ai suivi la formation Bande Dessinée, en deux ans.

Lauren – J’ai suivi la formation Illustration.

 

Aviez-vous déjà pour projet de vous orienter vers le Tatouage pendant vos études ?

Magali – Non pas du tout, je voulais devenir auteure de BD, puis animatrice dans le Dessin Animé.

Camille – Pas du tout ! Je me suis fait tatouer pour la première fois juste après la remise des diplômes en 2015, donc je ne connaissais rien du milieu du tatouage quand j’étais à Jean Trubert. À la base, je voulais faire de la bande dessinée.

Lauren – Oui, et c’est d’ailleurs dans cet objectif que je me suis inscrite à l’école. Mon dessin n’était pas assez solide et j’essuyais de nombreux refus en cherchant un apprentissage.

 

Quand avez-vous commencé à tatouer ?

Magali – Mon premier tatouage sur quelqu’un, c’était il y a 4 ans, mais j’ai réellement commencé il y a 3 ans.

Camille – J’ai commencé mon apprentissage du tatouage en 2019, et je suis devenue tatoueuse en 2020.

Lauren – J’ai commencé à tatouer en Mars 2023, car j’ai eu la chance de trouver mon apprentissage rapidement après avoir été diplômée de l’École Jean Trubert (Promo 2022, ndlr).

Exemples de tatouage flash par Magali Garnier
Quelques dessins prêts à être tatoués par Magali Garnier
Qu’est-ce qui vous a le plus attiré dans le métier de tattoo artist ?

Magali – La liberté de création et le côté artisanal. Je travaillais à l’époque depuis 6 ans dans l’industrie du Cinéma d’Animation et du Jeu Vidéo en tant qu’animatrice 2D et story-boardeuse. J’avais accumulé pas mal de frustration sur certaines productions dans lesquelles les délais étaient très serrés, donc peu de liberté d’expression, dans lesquelles des designs me plaisaient peu. Je devais aller vite et aller à l’efficace, je faisais le travail un peu mécaniquement et seule devant mon ordi. J’avais perdu complètement le goût de dessiner pour moi, à force. J’ai eu envie de pouvoir à nouveau exploiter mon style de dessin et de réaliser des choses de A à Z.

Camille – Je me suis tournée vers le tatouage après un événement traumatisant quand je travaillais dans le milieu du Livre. Ce nouveau départ m’a permis d’être mon propre patron, de pouvoir choisir les personnes avec lesquelles je travaille, et de pouvoir vivre de mon art. C’est cette indépendance qui m’a attirée.

Lauren – Pour moi c’est une manière différente de m’exprimer et de créer, et puis je trouve ça incroyable de me dire que la personne va porter ma création toute sa vie.

 

Est-ce que le Tatouage a changé votre rapport au dessin ? Votre style graphique a t-il évolué, par exemple ?

Magali – Oui, comme à chaque fois que j’ai changé de discipline dans le milieu du Dessin. Dans le Tatouage, tu dois avoir un grand sens de la composition et du contraste, ce que j’avais un peu perdu avec le dessin animé où ce qui compte le plus est la dynamique, la force et la structure du dessin. Au début, je faisais des dessins qui marchaient bien sur papier mais pas sur la peau humaine. Par conséquent, oui, mon style a évolué. Je suis allée plus dans le détail, j’ai travaillé mes compositions différemment. En observant des créations de tatoueurs chevronnés, en m’inspirant des tatouages traditionnels – notamment le style japonais Irezumi – j’ai acquis des manières de faire, des stylisations que je n’avais pas avant. Et mon travail de contraste a beaucoup évolué.

Camille – Le tattoo m’a obligée à travailler sur tablette, ce que je n’aimais pas du tout jusqu’alors. Mais c’est avec cet outil que mon style graphique s’est vraiment révélé. Je travaille encore à la main pour le plaisir, mais la plupart du temps je dessine sur iPad. Quand on vit du dessin, on a tendance à entrer dans une course à la productivité : il faut parfois se forcer à se rappeler qu’il faut garder des moments de dessin à soi, que chaque dessin ne doit pas être exploité, filmé, tatoué, instagrammé. Bref, il ne faut pas se laisser enfermer par l’aspect productif de la chose, le dessin doit rester un plaisir.

Lauren – Oui, on se rend compte qu’il faut tout simplifier ! Il n’y a pas de place pour les détails inutiles. Le tatouage est un savoir faire complètement à part. Mon style a évolué, et heureusement, j’espère que ça continuera ! Je vois déjà la différence entre mes premiers dessins tattoos et ceux actuels.

Exemples de tatouage flash par Soeur Louve
Quelques dessins prêts à être tatoués par Soeur Louve
Avez-vous rencontré des difficultés dans ce milieu ? Si oui, lesquelles ?

Magali – Pas spécialement, mais j’ai eu de la chance je pense. J’ai trouvé un apprentissage facilement et j’ai toujours été bien accueillie dans les shops où j’ai été. Ma clientèle est super, et a quasiment depuis le début demandé mon style. Ça n’est pas toujours aussi simple, d’après mes collègues…

Camille – Le milieu du tatouage change. Il devient de plus en plus diversifié, tant en termes de techniques, de styles graphiques, des artistes et de leurs identités… et c’est pour le mieux. Car malheureusement c’est encore un milieu très violent par certains aspects, notamment une misogynie décomplexée. J’ai pu voir ça de très près et je n’y étais pas du tout préparée.

Lauren – Oui, il y en a plusieurs : comme le fait de gérer son entreprise, le marché du Tatouage qui devient saturé, on se retrouve à une période où il y a clairement plus d’offres que de demandes et c’est important de se démarquer et de fidéliser ses clients…

 

Quels conseils reçus à l’EJT vous ont été le plus utile ?

Magali – Euh, ça commence à remonter (promo 2011-2012) ! Mais l’École Jean Trubert a vraiment été le starter de ma carrière de dessinatrice ! J’ai souvent encore en tête les conseils de mes profs de l’école et je leur voue toujours une énorme reconnaissance pour ce qu’ils m’ont appris. Big up à Mehdi Boukhezer, Bruno Tatti, Éric Chabbert, Véronique (prof de modèle vivant qui m’avait laissée assister aux cours quand je n’en avais plus au programme), Guy et Fred…

Camille – Les cours d’Anatomie et les cours d’Encrage! Quand on tatoue il faut être dans l’exactitude et la minutie, je crois que c’est ce qui m’est le plus utile aujourd’hui. Mais je suis heureuse d’avoir reçu la formation que j’ai eue à Jean Trubert, car cela m’a vraiment permis d’apprendre à dessiner pour ensuite trouver mon propre style !

Lauren – Il faut laisser le temps faire les choses. Avec du travail et la détermination, on peut y arriver ! Un faible pourcentage va réussir à vivre de son dessin, pourtant, il y a une place pour tout le monde.

Exemples de tatouage flash par Launkey
Quelques dessins prêts à être tatoués par Launkey
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite s’orienter vers le Tatouage ?

Magali – De passer avant tout la formation hygiène et salubrité ! Obligatoire légalement et indispensable pour faire son activité en toute sécurité. Puis comme pour tous les métiers du dessin, être patient, bosseur et compétitif, faire ça par réelle envie et non par effet de mode. Le métier de tatoueur a l’air plus fun de l’extérieur qu’il ne l’est en réalité : c’est beaucoup, beaucoup de boulot et être auto-entrepreneur c’est parfois stressant. J’ajouterai qu’il faut aussi être sociable et commerçant. Le côté humain est très important dans ce métier alors si on est misanthrope, ça n’est pas la peine…

Camille – Désolé, ça va être long ! Mais voici quelques conseils que je donnerais à une personne qui débute :

– prends le temps d’apprendre, ça ne sert à rien de vouloir griller les étapes

– n’oublie pas que tu fais des modifications corporelles définitives. L’apprentissage est progressif et c’est normal, ne fais pas n’importe quoi avec la peau des gens. Tu vas faire des erreurs et elles te hanteront des années après, donc mieux vaut en faire le moins possible

– tu vas devoir apprendre à gérer une entreprise : stock, communication, comptabilité, assurances, loyers, secrétariat, ménage… tatouer représente 20% de notre temps de travail, le reste c’est de la gestion.

– ne néglige pas l’aspect administratif (urssaf, impôts etc)

– avoir une bonne organisation est indispensable pour éviter le burnout

– n’oublie pas que tu as beaucoup de chance d’avoir des clients qui te font confiance, et de pouvoir vivre de ton art

– prends soin de ton dos, il sera mis à rude épreuve. N’oublie pas de faire des étirements et de faire du sport régulièrement

– respecte toujours tes clients, leur corps, leur identité. C’est grâce à eux que tu es là

– ne néglige jamais l’hygiène. Ne mets pas tes clients en danger, ne te mets pas en danger non plus.

– le syndrome de l’imposteur est fort. Mais tu es plus fort•e que lui ! 

Lauren « Fuyez, pauvres fous ! » – Mr Gandalf le Gris

 

 

Un grand merci à Magali, Camille et Lauren pour leurs témoignages !

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